Aperçu

On ne peut pas parler du Mandchoukouo sans évoquer l’histoire de cette région : la Mandchourie. Grande comme la France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne réunies : à savoir un quadrilatère nettement dessiné que délimitent à l’ouest les monts Khingan, au nord l’Amour, à l’est l’Oussouri et la frontière coréenne, au sud la péninsule du Liaodong. Les Chinois du XXème  siècle disent tout simplement: Dong sans cheng, les « trois provinces orientales », Heilongjiang, Jilin et Liaoning. Les formations politiques qui se sont succédé dans cette région depuis le début de notre ère contrôlaient des territoires parfois plus vastes, parfois plus restreints. La Mandchourie ne peut même pas être définie comme une entité ethnique, puisque des Chinois, des Coréens, des Mongols, des Toungouses se mêlent aux « Mandchous » proprement dits depuis une époque ancienne. Ce n’est que pendant une très brève période (1931-1945) qu’une Mandchourie politique a coïncidé avec la Mandchourie géographique ; l’État « indépendant » du Mandchoukouo, protégé en fait par les Japonais, s’efforça de se définir comme une entité raciale, alors que les Mandchous n’y constituaient qu’une faible minorité.

Les enjeux internationaux.

Dès 1803, la Mandchourie est ouverte à la colonisation paysanne chinoise par les autorités impériales. Ce mouvement de migration s’accentue au cours du XIXème siècle et est encouragé par le gouvernement (contrairement à la politique de séclusion privilégiée de la Mandchourie suivie jusqu’au XVIIIème siècle), dans la mesure où une Mandchourie presque dépeuplée résiste mal aux pressions des grandes puissances.

À la fin du XIXème siècle, la Mandchourie change en effet brusquement de statut géopolitique. D’une situation de confins, d’isolement dans une région de montagnes et de forêts presque désertes, elle se trouve brusquement transportée au cœur des rivalités internationales en Extrême-Orient. En 1858-1860, profitant de la seconde guerre de l’opium, la Russie contraint Pékin à lui céder tout le nord et l’est de la Mandchourie traditionnelle (zone où nomadisaient les tribus mandchoues avant que leurs chefs ne montent sur le trône impérial chinois). Ces annexions portent sur la rive nord de l’Amour et sur le territoire situé entre l’Oussouri et la mer. La Chine populaire ne reconnaîtra pas ces transferts de territoire quand éclatera cent années plus tard le conflit sino-soviétique.

La pénétration russe en Mandchourie s’accentue à la fin du siècle, au moment où toutes les grandes puissances cherchent à s’assurer par la force, en Chine, des avantages économiques et militaires. L’Allemagne, en 1897, se fait octroyer le magnifique port de Tsing Tao ; la France, en avril 1898, le port de Kouang Tchéou Wan ; l’Angleterre, en juin de la même année, le port de Wei Hai Wei, face à Port-Arthur. La Russie obtient, toujours en 1898, le droit de construire une ligne de chemin de fer, le « Transmandchourien », allant directement d’Irkoutsk à Vladivostok, d’installer une base militaire à Port-Arthur et de considérer toute la province comme zone d’influence russe.

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1905                                         1931                                           1935

Évolution des lignes de chemin de fer : Russes ; Chinoises ; Japonaises

Ce voisinage inquiète le Japon qui convoite aussi les richesses de cette région et provoque en 1904-1905  la guerre russo-japonaise. Après leur victoire sur l’Empire tsariste, les Japonais obtiennent des Russes une partie de l’île de Sakhaline, mais s’emparent de tous leurs privilèges en Mandchourie. Les clauses du traité de Portsmouth, de 1905, puis les traités directs avec la Chine reconnaissent au Japon la propriété des lignes de chemin de fer Sud Mandchourien, ainsi que le droit d’administration et d’exploitation d’une bande de terre de 50 km de chaque côté de la voie ferrée. Dans ces zones se trouvent, comme par hasard, les houillères de Fushun, les mines de fer de Pen Si Hou. En outre, les Japonais occupent à bail la presqu’île de Kwantung.

Ainsi écartelée entre les puissances, éloignée du gouvernement central, dépourvue de structures sociales rigides du fait de la tardive implantation chinoise, la Mandchourie est à la fin du XIXème siècle la terre classique des aventuriers et des insoumis. Ceux-ci se réunissent pour former des bandes de Honghuzi (Bandits à barbe rouge), sortes de fraternités secrètes qui contrôlent les échanges commerciaux, pratiquent le racket et le brigandage de grand chemin. Les Honghuzi s’inspirent en même temps d’une idéologie égalitaire de banditisme social à la « Robin des Bois ». Ils ont même, pendant une dizaine d’années, fait vivre une république communautaire de chercheurs d’or dans le Grand Nord, qui fut finalement détruite par l’intervention combinée des armées russes et chinoises.

La poussée générale et l’anarchie militaire, qui caractérisent en Chine toute la période consécutive à la révolution républicaine de 1911, affectent particulièrement la Mandchourie, du fait de sa situation marginale. C’est l’ère des « seigneurs de la guerre », qui se disputent les provinces.

L’incident de Moukden

Tant que la Chine du nord a été en guerre avec celle du sud, les Japonais conservent l’avantage car ils se sont fait un allié du maître de la Mandchourie, Zhang Zuolin, qu’ils soutiennent financièrement et matériellement. L’ambition venant avec le succès, celui-ci rêve de conquérir la Chine tout entière. Ses ambitions inquiètent toutefois ses protecteurs japonais, qui le font assassiner lors d’un attentat le 4 juin 1928. Mais les choses changent quand son fils Zhang Xueliang lui succède, ce dernier mène une politique de réunification avec la Chine et n’a plus les mêmes raisons de ménager les Japonais qui retrouvent devant eux les nationalistes. Le gouvernement nippon voit cela d’un mauvais œil car il sent son influence s’affaiblir et ses positions menacées. Une fois encore, les militaires agissent de leur propre chef : le 18 septembre 1931, ils font sauter la voie ferrée près de Moukden à proximité de la plus grande garnison chinoise stationnée dans le pays. La Commission Lytton présente à la Société des Nations son rapport établi d’après des témoignages des principaux protagonistes :

Le samedi 19 septembre 1931 au matin, les habitants de Moukden constatèrent à leur réveil que la ville était entre les mains des troupes japonaises. Pendant la nuit on avait entendu des coups de feu, mais il n’y avait rien d’extraordinaire à cela ; car pendant toute la semaine, la population de Moukden en avait entendu toutes les nuits, les Japonais  procédant à des manœuvres  avec tir de fusil et de mitrailleuse. Sans doute, les coups de canon et le sifflement des obus, pendant la nuit du 18 septembre,  firent croire à la population à une répétition un peu plus bruyante que d’habitude.


Bien entendu la version japonaise des événements prétend que c’est une patrouille nippone qui a été attaquée par des soldats chinois et la version chinoise prétend le contraire. Il s’en suit des négociations au sein de la Société des Nations, en voici un résumé :

La répercussion de ces événements fut considérable. La situation des Japonais était rendue très difficile dans de nombreuses villes chinoises, même en dehors de Mandchourie. Le gouvernement de Nankin saisit celui de Tokyo de protestations diplomatiques et fit appel à la Société des Nations. Le Conseil entendit les représentants des deux pays et finalement avant de se séparer, l’assemblée de Genève vota une résolution prenant acte des assurances pacifiques exprimées par les deux antagonistes. Elle convoqua le Conseil pour une réunion exceptionnelle le 14 octobre afin d’examiner, de nouveau, la situation. Les Japonais retirent donc leurs troupes dans les zones où les traités leur donnent le droit de les maintenir. Cependant, la situation continue de se dégrader : manifestations anti-japonaises, boycottage commercial, actes de violences contre les concessions japonaises. Le Japon se plaint à Société des Nations, il accuse le gouvernement chinois de favoriser les sociétés anti-japonaises. Les Chinois indiquent que le 7 octobre les Japonais auraient bombardé King Tchéou. Washington envoie une commission d’enquête en Mandchourie et la réunion du 14 est avancée au 13 octobre. La Société des Nations évite que le conflit sino-japonais ne dégénère. Les journées sont fiévreuses ; malgré cela les cinq mènent à bonne fin leur tâche conciliatrice. Le 24 octobre le Conseil est ajourné au 16 novembre. Nouvel examen de la situation, le projet de résolution, dont l’adoption fut laborieuse, prend acte de l’assurance des deux gouvernements (Nankin et Tokyo) de s’abstenir d’une politique d’agression. Le Japon doit retirer ses troupes dans la zone du chemin de fer (SMRZ). La Chine doit protéger les biens des Japonais dans les territoires évacués. Il est recommandé aux deux gouvernements d’ouvrir des négociations directes.


Le dernier Empereur.

Pendant que des débats interminables s'engagent devant la Société des Nations, les Japonais oeuvrent dans l’ombre. N’existe-t-il pas à Pékin un jeune homme qui a des droits sur la Mandchourie ? Quoi de plus simple que de lui restituer son trône ? Ainsi fut fait : les Japonais embarquent Pu Yi sur un vapeur pour l’amener à Dairen, le 13 novembre 1931.

Tout dans cette aventure semble tenir du roman. Pu Yi est le dernier descendant de la dynastie des Qing. Cette dernière, en 1644, avec l'aide des Mongols, s'empare de Pékin et gouverne le Céleste Empire. Pu Yi monte sur le trône à l'âge de trois ans comme empereur de Chine, le 2 décembre 1908, sous le nom de Hsuan Tung « Proclamation des principes fondamentaux ». Trois ans plus tard, en 1911, la révolution chinoise le contraint à abdiquer. L'empereur enfant est déchu de ses droits et devient simplement Henry Pu Yi.

En 1917, à douze ans, il est rétabli empereur pendant trente jours, au cours de la sixième année de la République chinoise. Il reçoit alors une éducation moderne et apprend l’anglais. En 1922, à dix-sept ans, il se marie fastueusement et vit libre, mais consigné dans la Cité Interdite de Pékin.

En 1924, Pékin se trouvant de plus en plus menacé par l’occupation d’armée en pleine guerre civile, il quitte le palais et se réfugie à la légation du Japon. Il se rend à la concession japonaise de Tientsin déguisé en homme du peuple et mène, pendant plusieurs années, une existence d'étudiant.

Sans doute, dès cette époque, les dirigeants japonais ont-ils des vues sur lui, qui se réaliseront par la suite. Ils persuadent Pu Yi qu’ils désirent sincèrement « Aider la population mandchoue mongole à fonder un État propre et indépendant » et que son retour au pays de ses aïeux, pour en prendre la direction, se fera sous la forme d’une monarchie. Pu Yi accepte. Le 23 février 1932, il rencontre Itagaki Seishiro qui lui indique que le nouvel État s’appellera Mandchoukouo, qu’il sera placé à sa tête avec le titre de régent et que Changchung rebaptisée Hsinking sera la capitale du nouvel Etat. Deux ans plus tard, en mars 1934, Pu Yi devient Empereur du Mandchoukouo. Son rôle est strictement limité au domaine cérémonial, et ce au moment même où l’importance stratégique de « son » État se révèle de plus en plus décisive dans la mesure où il fournit les matières premières dont le Japon a besoin.

Lorsque ce dernier capitule, le 18 août 1945, Pu Yi tente de fuir vers le Japon. Mais sa tentative échoue, probablement à la suite d’une trahison. Arrêté par les Soviétiques, il est incarcéré en Sibérie, à Khabarovsk. En 1946  il témoigne à Tokyo contre des Japonais considérés comme criminels de guerre. En 1950, il est livré aux autorités chinoises qui le considèrent, lui aussi, comme criminel de guerre. Il est emprisonné et après une rééducation, il est gracié en 1959 et meurt à Pékin en 1967.

Un nouvel Etat.

L’indépendance de la Mandchourie est proclamée le 24 février 1932. Le correspondant du Nord China Daily News qui était à Harbin le 26 février 1932 et qui assiste aux cérémonies de l’indépendance, relate que celles-ci sont un fiasco complet. On ne décèle pas le moindre enthousiasme dans le petit rassemblement des personnes présentes.

La commission Lytton  est envoyée par la Société des Nations pour enquêter sur les conditions de la formation du Mandchoukouo et sur l’attitude des populations vis-à-vis du nouveau régime. Elle séjourne dans le nouvel État du 20 avril au 4 juin 1932. Son rapport entraîne l’adhésion des états membres qui condamnent le Japon, le 24 février 1933, de façon toute théorique d’ailleurs. Un mois plus tard, le Japon quitte la Société des Nations.

Les Japonais assurent, avec une conviction qui pourrait devenir communicative, que le Mandchoukouo est un pays entièrement indépendant qui a simplement signé avec le Japon un traité de communauté d’intérêts. Ce traité, ou plutôt ce protocole, en date du 15 septembre 1932, donne le droit au Japon de faire stationner ses armées dans le pays. En voici le texte intégral :


PROTOCOLE JAPON MANDCHOUKOUO

SIGNÉ LE 15 SEPTEMBRE 1932

À HSINKING


Alors que le Japon reconnaît le fait que le Mandchoukouo, conformément à la volonté de son peuple, s’est constitué en État indépendant;

Et :

Alors que le Mandchoukouo a déclaré son intention de se conformer à tous les engagements internationaux en vigueur en Chine dans la mesure où ils sont applicables au Mandchoukouo;

Maintenant les Gouvernements du Japon et du Mandchoukouo ont, dans le but d'établir une relation durable et de bonne entente entre le Japon et le Mandchoukouo, chacun respectant les droits territoriaux de l'autre, et aussi pour préserver la paix en Extrême-Orient, approuve ce qui suit :

1. Le Mandchoukouo maintiendra et respectera, dans la mesure où aucun accord contraire ne sera établi dans le futur entre le Japon et le Mandchoukouo, tous les droits et intérêts possédés par le Japon ou ses sujets sur le territoire du Mandchoukouo en vertu des traités sino-japonais, accords ou autres arrangements ou contrats sino-japonais, privés aussi bien que publics;

2. Le Japon et le Mandchoukouo, reconnaissent que toute menace au territoire ou à la paix et à l’ordre des Hautes Parties Contractantes constitue, en même temps, une menace sur la sécurité et l’existence de l'autre, consentent à coopérer pour l'entretien de leur sécurité nationale; il est entendu que des forces japonaises peuvent être nécessaires et dans ce but seront basées au Mandchoukouo.

Le présent Protocole entrera en vigueur à la date de sa signature.

Le présent Protocole a été imprimé en chinois et en japonais, deux copies identiques ont été faites dans chacune des langues. Si un doute devait subsister quant à l’interprétation entre le texte chinois et le texte japonais, le texte japonais prédominera.

En foi de quoi les soussignés, dûment autorisés par leurs Gouvernements respectifs, ont signé le présent Protocole et ont apposé leurs sceaux.

Fait à Hsinking, le 15e jour du neuvième mois de la première année de Tatung,

Correspondant au 15e jour du neuvième mois de la septième année de Showa.

(L.S.) CHENG HSIO-HSU, Premier ministre du Mandchoukouo,

(L.S.) NOBUYOSHI MUTO, ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire de Sa Majesté l'Empereur du Japon.


Le Mandchoukouo reçoit une constitution provisoire et, tant bien que mal, entreprend de vivre, malgré le scepticisme ou l'hostilité des puissances qui ne veulent voir en lui qu'une création artificielle du Japon. Son unité territoriale est encore incomplète, car la province du Jehol, que le gouvernement de Nankin a rattaché à la Mandchourie, reste encore entre les mains des Chinois. En février - mars 1933, les troupes du Mandchoukouo, avec l’aide des troupes japonaises, font une campagne foudroyante et repoussent les armées chinoises au-delà de la grande muraille. Le Jehol est annexé. Le nouvel Etat est prospère. Le banditisme est à peu près réprimé, la balance commerciale se solde par un excédent. C’est dans ces conditions que le dernier acte est joué : la transformation du Mandchoukouo en monarchie.

Le Japon n’y est pas favorable. Mais plusieurs raisons déterminent son changement d’attitude. D’une part les intrigues des partisans de Pu Yi, impatients de recueillir les avantages matériels et moraux d’une restauration impériale. D’autre part, les opportunités politiques sont prépondérantes. Le Japon se rend compte que son acte de reconnaissance de l’autonomie mandchoue, le 15 septembre 1932, n’a guère impressionné l’opinion internationale. Le Mandchoukouo « indépendant » est considéré comme un protectorat déguisé. Le meilleur moyen n’est-il pas de faire de Pu Yi un empereur, à l’inverse de qui a été fait en Corée ?

Mais ce type de manifestation impérialiste risque d’être mal ressenti et bien que le Japon se soit retiré de la Société des Nations, il n’envisage pas de s’exposer à son animosité. De plus, une autre préoccupation du gouvernement japonais est d’améliorer ses rapports avec la Chine. La crainte des Chinois est que Pu Yi soit remis sur le trône de Pékin. La résurrection d’un empire mandchou au Mandchoukouo peut les rassurer. Pu Yi n’a-t-il pas déclaré qu’il repoussait l’idée que son couronnement soit le prélude à la restauration de la dynastie Qing. Cependant, le gouvernement de Nankin indique qu’il considère l’avènement de l’empereur illégal et sans valeur. Enfin, le Japon obéit à des préoccupations internes : couper court à toute agitation car certains milieux nippons persistent à réclamer l’annexion ouverte.

Le XXème siècle est pour le Mandchoukouo une période de grand développement économique. Les Japonais contrôlent économiquement la région. Ils ouvrent de vastes mines de charbon à Anshan et de fer à Fushun. Leurs chemins de fer assurent des débouchés à une production agricole en expansion (céréales, soja, coton). Ils équipent les grandes villes. Le Mandchoukouo est une pièce essentielle de l’empire économique des grands zaibatsu japonais (Mitsumi, Mitsubishi).

La fin du nouvel Etat.

Le 9 août 1945, à la fin de la seconde guerre mondiale, les Soviétiques envahissent le Mandchoukouo, plus d’un million de soldats entrent dans le pays. Ils s’installent à Harbin, principal centre ferroviaire du Transmandchourien. Cette position est, dès 1946, transférée discrètement aux guérilleros communistes qui combattent les armées du Guomindang dans le reste du pays et assiègent les grandes villes. Le 14 août, ils prennent Moukden et le 23 août Port-Arthur. Le 18 août, Pu Yi est arrêté et incarcéré en Sibérie. La Chine populaire hérite de l’effort d’équipement mené par les Japonais, dans cette région (bien que les armées soviétiques aient démonté à titre de réparations de guerre une partie des installations industrielles japonaises).

Les trois provinces du Nord-Est jouèrent un rôle essentiel dans le développement économique de la Chine populaire. Mais elles posèrent aussi un problème politique, du fait même de leur importance économique et de leur proximité du territoire soviétique. En 1955, le premier secrétaire du Parti communiste dans le Nord-Est, Gao Gang, se suicida. Il n’est pas impossible qu’il ait songé à orienter cette région industrielle vers une coopération très poussée avec l’Union soviétique, quitte à distendre ses liens avec le reste de la Chine.

La révolution culturelle fut particulièrement active dans le Nord-Est, et notamment dans la province de Heilongjiang. Le XXème siècle est encore l’époque du peuplement massif de cette région : 14 millions d’habitants en 1910, 23 millions en 1923, 41 millions en 1953 dont seulement 2 millions de Mandchous proprement dits. Les trois provinces du Nord-Est, soit 801 600 Km², plus connues sous le nom de Mandchourie, comptaient 99,3 millions d’habitants au recensement de 1990.



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